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Epigénétique ou l'expression de nos gènes via les facteurs clés environnementaux

La découverte majeure en 1957 de deux biologistes américains Francis Crick et James Watson de la double hélice d’ADN (structure moléculaire qui contient tous les caractères héréditaires nécessaires au développement d’un être vivant) apporta un éclairage fondamentalement nouveau sur les notions d’inné et d’acquis. Cette découverte a montré que le matériel génétique se dispose en deux brins spiralés, s’épousant parfaitement. Chaque brin est formé d’une séquence de quatre nucléotides : l’adénine (A), la thymine (T), la guanine (G) et la cytosine (C). Ces quatre bases forment l’alphabet du code génétique de tout le vivant.

Le génotype et le phénotype sont deux termes inventés par le biologiste anglais William Baetson (1861 – 1926). Le génotype constitue la banque de donnée génétique innée d’un individu. Le phénotype constitue l’ensemble des caractéristiques observables chez un individu autant au niveau macroscopique (la couleur des yeux) que cellulaire (concentration sanguine des hématies) et moléculaire (activité enzymatique). Le phénotype d’un individu va s’exprimer en fonction, à la fois de son génotype, et de l’environnement dans lequel il évolue (épigénétique). Ces processus permettent d’expliquer comment des larves d’abeilles possédant exactement le même génome vont pouvoir se différencier en fonction de la nourriture ingérée. Une larve nourrie à la gelée royale, riche en folate qui est une molécule méthylante, va inhiber le programme abeille ouvrière ou guerrière et engendrera des transformations morphologiques très importantes jusqu’à aboutir finalement à une reine. Il a également été constaté que certaines marques épigénétiques acquises durant la vie d’un individu, comme le cancer, le stress traumatique ou les addictions, peuvent être transmises à sa descendance (Joël De Rosnay, 2020.

Contrairement aux spéculations initiales au sujet de l’importance de la part de l’ADN codant, les biologistes pensent aujourd’hui que plus de 90 à 95% de l’ADN de l’être humain n’est pas codant. Les découvertes récentes ont montré que cet ADN non codant, initialement classé comme ADN poubelle, sert en fait à la régulation des processus génétiques. Le décodage complet du génome humain n’a donc pas pu apporter toute la lumière espérée sur les processus pathologiques. De nombreux facteurs épigénétiques interviennent dans la modulation de l’expression génétique en allumant ou éteignant la réponse de certains gènes. L’Acétylation va enclencher une réponse génétique tandis que la Méthylation va garder le gène silencieux. L’équilibre subtile entre la méthylation de certains gènes ou leur acétylation est garant de l’homéostasie de l’organisme et d’absence de maladie. Un autre facteur essentiel entre en ligne de compte dans cette équation, celui de l’accès aux gènes par les enzymes sensées les lire. Parfois, l’organisation tridimensionnelle de la pelote des brins d’ADN s’embobinant autour des histones empêche la lecture et l’expression des gènes. Il s’ensuit l’impossibilité pour l’organisme d’une réponse physiologique adéquate pouvant aboutir à toutes sortes de pathologies. Une tumeur peut naître à la suite d’une inhibition des gènes suppresseurs de cellules cancéreuses.

Dans une perspective de terrain, via la modulation des gènes, cinq facteurs clés interviennent :

  1. La nutrition
  2. L’activité physique
  3. La gestion du stress
  4. Le plaisir de faire ce que l’on fait
  5. Être en harmonie avec son réseau social

La voie réversible de l’épigénétique offre donc des solutions thérapeutiques très intéressantes en reprogrammant correctement les gènes défaillants afin d’éviter des récidives ou une transmission pathologique transgénérationnelle. On constate ainsi que les notions très polarisées d’inné et d’acquis ne sont que des vues de l’esprit et qu’elles n’existent pas séparément dans la réalité. Le résultat biologique d’un être vivant est un entremêlement complexe entre la génétique et l’environnement (Joël De Rosnay, 2020).

Au vu de ce qui précède, nous pourrions résumer les notions de prédispositions individuelles que sont le terrain et les diathèses par les deux équations suivantes :

Terrain <=> Constitution & Tempérament (1)

Terrain <=> Génétique & Epigénétique (2)

La relation (1) est fondée sur un paradigme qui a évolué depuis Hippocrate à nos jours et a été théorisé par l’homéopathe suisse Antoine Nebel. La relation (2) est quant à elle issue des découvertes en génétique et épigénétique datant du milieu du XXème siècle jusqu’à nos jours.

Ces deux relations sont constituées d’éléments fixes : Constitutions & Génétique, et d’éléments dynamiques : Tempérament & Epigénétique. Dans la réalité du vivant, un dialogue constant a lieu entre ces deux pôles dans le but de préserver à tout prix l’homéostasie. La notion de terrain biologique est une réalité en perpétuel changement, une adaptation constante de la biologie vis-à-vis du milieu extérieur à l’organisme. Les cellules de notre organisme meurent (apoptose) et sont renouvelées à un rythme déterminé par le type de tissu concerné. Plus la différentiation cellulaire est importante, moins la régénération cellulaire sera effective (ex. neurones) (Universalis, 2021).